Vivre la vie en dent de cil, en équilibre sur la scie du rasoir
Au gré du fil à couper le beurre entre avoir peur et avoir mal
La tisane cicatrisante plutôt qu’avoir la science infuse,
Je sais pas grand chose de la grande vie, juste qu’à la fin ça use.
Je suis fraîche comme un gardon, un bout de charbon, de la craie bleue
Je sens pas encore l’eau de cologne, et pourtant je me sens vieux.
Comme un jambon séché qu’a rien demandé, un saucisson de tête de con,
La poussière en haut de l’armoire, et les angoisses de dortoirs.
Vieux comme un vieux rouble, un livre en grecque pas moderne,
Je me sens vieux comme de la soupe, les pigments noirs des cernes.
J’ai pas inventé l’eau chaude, j’aurais pu avec le temps,
Avec le froid de tes regards gris, la douleur de tes mouvements.
Ça sent le fromage de tête dans les carnets de mes brouillons,
La recette moins quelques lettres pour apprendre à être moins con.
Je ne connais
Pas beaucoup de trucs de vrais.
Et plus je vieillis
Et moins je sais
Ce que c’est que la vie.
La confiance dans le fond du pantalon
Et la confiance dans les talons
Pas compensés
Décomposé
La vérité c’est relatif
Un peu comme la gravitation
Et l’énergie que je dégage
N’est peut-être qu’une illusion
Albert est muet à mes questions
Albert est muet à mes questions
Albert ne m’a rien dit
De l’orbite que je suis.
Je me demandais si le meilleur moyen d’exprimer la colère, la haine, la rage,
l’incompréhension gigantesque du monde, et la moiteur de cet été,
les déceptions constantes et les espoirs éternels,
n’était pas simplement un grand silence. Une page vide.
Et c’est devenue une pure évidence.
Une page BLEUE.
On apprend à devenir adulte
En posant correctement des virgules
Au milieu des milliers de mots
Que l’on utilise.
J’apprends à être patiente
En mettant des points d’interrogation à la fin de mes questions.
« J’m’en bats les yeucous..! » disais-je étant jeune.
Aujourd’hui j’attends
Les rails qui relieraient les points de repères.
Mais je ne vois que les wagons chargés
Des gens qu’on un passif.
Moi, j’ai pas de passé,
Pas de futur,
Je possède juste une page blanche comme le présent.
Mon intérêt ne va pas dans le sens de celui d’autrui
Parce que mon intérêt est aussi vaste que l’infini.
Il n’est pas grand, il est simple.
Je fais du vélo le long des quais,
Comme un monstre au paradis,
Je regarde passer au ralenti
Des mecs plastiques,
Des filles sans plis.
Et toute ma stupeur pour leur soft skin et leurs parfums si délicat. Non mais t’as vu ta gueule d’extra-terrestre ?
Je ne leur réponds pas.
Un cri du coeur, attaché à la dynamo
Tourne en boucle autour de mon vélo.
Au milieu de ce paysage
Je me sens seul
Comme un petit pois dans une boite de nuit.
Je me sens moche
Comme un balai à chiotte à un défilé de mode.
Je me sens inutile
Comme un couteau sans lame auquel il manque le manche
Je me sens vide
Comme une particule virtuelle et stérile
Mais quand je ferme les yeux
Je vois l’espace réel et imaginaire
Cacher au fond des corps
Cacher au fond des formes
Je nous vois nu
Je nous vois comme des châteaux
Fragiles et plein du fiel
Filant de nos egos.
Du mien. Du tien, du sien, de tout.
Je vois des châteaux fragiles,
Bâtis de paradoxes
Je vois du ciment de slip
Des pierres de ptites culottes
Je vois comme tout est simple
Quand on s’aime soi-même
Je vois tant de bonheur
Que j’en ai des hauts-le-coeur.
Je ne sais pas si ces châteaux sont lourds,
S’ils brisent le dos,
Je ne sais pas s’ils sont un refuge
Ou un fardeau.
L’ESCLAVAGE C’EST LA LIBERTÉ
Je fais du vélo le long des quais,
Avec mon corps en coquille vide,
Plein du magma de mes émotions
Ecartelé d’un monde à l’autre.
Je regarde passer au ralenti des mecs plastiques, des filles sans plis
Je regarde 20.000 milliards de secondes en suspens dans l’atmosphère
Qui attendent de se poser entre moi et le Terre
Je traverse la vie comme un trou noir
Sans passé, sans avenir,
Dans un présent tellement long
Que je n’arrive pas à vieillir.
JE NE POSSÈDE RIEN
JUSTE LE CHOIX DE POSER DES VIRGULES CORRECTEMENT OU PAS
ET MON UNIQUE PLAISIR C’EST DE SAVOIR
QUE JE PEUX TOUT PERDRE EN UNE FRACTION DE SECONDE
J’AURAIS TOUJOURS MA PUTAIN D’ÂME
Parti de loin, parti de rien, on a juste quelques souvenirs (toujours les mêmes) à raconter pour se construire une légende éphémère et le contre-coup du vide du passé qui la détruit aussitôt. Un cercle fermé. Comme une vague qui jaillit et qui se brise contre elle-même. Quand on est une vague on voit par à-coup la plage et tous les gens dessus, debout, qui jugent, qui aiment, qui évaluent, qui comptent, qui rient, qui jaugent, qui ont peur. Quand on entend leurs paroles elles tournent autour des oreilles comme les hélices d’un hélicoptère, prêtes à trancher. Un boomerang qui va et qui revient de propos malsains, de récits héroïques, d’histoires d’amour troublantes, de beauté sans fard, de jugements aveugles.
On sait comment ça sonne un jugement aveugle, comme une alarme à incendie. Pourtant on se démène comme une vague, à prouver qu’on est là, qu’on y a pensé, qu’on veut bien donner. Mais personne ne bouge, y’a personne pour se baigner. On pourrait passer l’éternité ainsi, à vouloir mais à rencontrer des murs, des façades de refus, de froideur, de mépris. Du mépris, comme s’il en pleuvait dans les yeux des gens qui pleurent avec leur ego. Se briser les uns contre les autres.
Bien avant on se demandait : c’est quoi la mer ? C’est quoi l’océan ? On vivait sur terre avec nos pieds, il n’y avait rien de plus clair que les pas qui résonnent jusque dans les tympans, qui donnent des distances, la longueur de la jambe, l’équilibre dans la voute. Y’a que Jésus qui marche sur l’eau, qui sait que ça résonne pas quand on traverse la Mer Rouge à pied. Il y a les ondes qui descendent jusque dans le fond de l’océan et ces pas sourds qui ne disent rien, pas de distance, pas de longueur, pas d’équilibre.
Quand tu es une vague, tu sais que la vibration est interne, et qu’il ne faut surtout pas attendre Jésus. Mais tu n’es pas seul, tu es face à la plage, aux paroles qui tournent comme les hélices d’hélicoptère dans le creux des oreilles, aux jugements aveugles et au mépris. Tu as le chant des baleines, les violons de la mer, ta propre limite que personne ne connait.
Sur la plage, il y a des gens seuls mais qui se donnent la main juste pour ne pas se perdre, ils ont leur mépris et leurs jugements aveugles, les récits héroïques, les alarmes, des beautés sans fard, des paroles humaines. Des nombrils comme des soleils pour se donner chaud l’hiver, et briller l’été. Le confort d’avoir des beaux doutes sur qui baiser, sur le luxe du choix de son existence. La gloire n’attend pas.
Est-ce que tu comptes encore ? Est-ce que tu as quitté le monde des hommes ? Quand tu es une vague tu n’es pas seul, tu es face à la plage. Tu n’attends plus, tu es devenu éternel, et toute les 20 secondes tu es la plus belle chose qui arrive au monde, la caresse pure.
Adorno : « Sans doute les œuvres d’art importantes sont-elles, de façon générale, celles qui s’assignent un but extrême, qui se brisent en voulant l’atteindre, et dont les lignes de fracture demeurent comme le chiffre de la vérité suprême qu’elles n’ont pu nommer.«
Allen Ginsberg/Le sentiment absolu de devoir faire voler en éclat la structure pesante de l’existence/
Déchirer devant le souvenir de la parfaite étendue de l’océan/
Rien ne sera plus jamais pareil/
Je ne comprends rien à mes contemporains/La chose actuelle/
Mes capacités commerciales sont plus pauvres que mon pouvoir de télépathie/
Un poème peut-il mourir ?/Conflit total entre espoir aveugle et résignation suicidaire/
Fracture abstraite de mon plexus/Violence du goût du sang/Une trace, un filet, une ligne, une direction/
Je n’ai pas de route/Peut-être parce que je ne l’ai jamais prise/
Les voix du Seigneur sont impénétrables/Amalgame confus entre le Seigneur et la Création/
Je ne peux m’empêcher de penser qu’ils sont une seule et même chose/
Je n’ai pas besoin de croire en moi/Je crois en Dieu depuis ma naissance/
Handicap relatif au manque de matérialisme de mon éducation sur-intellectualisée/
Besoin de rien envie de…/Fracas absurde entre la réalité et ma réflexion/
Le rire est une solution temporaire/Une expression fragmentaire de l’inné et de l’acquis/
Les couleurs sont plus solides que mes mots/Il n’existe rien de plus flexible et de plus puissant qu’une couleur/
Je n’ai aucune vérité/Elle se trouve dans la lumière qui réfléchit les choses/
L’espace est en dehors de ma mesure/Les distances parcourues par les rayons me reviennent trop lentement/
Je déplore ma très mauvaise vue/La lenteur de mes déplacements/Je suis une contradiction dans mon époque/
Le temps est un outils/J’ai pourtant toujours été très manuelle/
Je ne me résigne pas/Mais j’oublie vite/Mon vieillissement n’arrive jamais/Eternel stupide/
Impression que je vivrais 120 ans/Mais que j’en aurais véritablement 90/30 ans de retard/
L’année prochaine j’ai 30 ans/Je nais l’année prochaine.
J’ai en moi des vagues et des scènes de théâtre, Des souvenirs comme tout le monde, Des couleurs qui sonnent cartable, 33 vertèbres, 1,684 mètre carré de peau Un foi, un coeur, deux tendons d’Achille, Un atelier de création Dans le fond de ma poche gauche, Un prénom qui…
CE POÈME N’EST PLUS DISPONIBLE DANS SON INTÉGRALITÉ DEPUIS SA PARUTION DANS L’OUVRAGE COLLECTIF À L’OUEST LES POÈTES.SES AUX ÉDITIONS EX-MAUDITS DISPONIBLE ICI ET EN LIBRAIRIE. POUR LA SUITE RENDEZ-VOUS DANS LE LIVRE 🙂
Retenu à la vie par un fil Par un pli. Ou par cent, deux cents, trois cents rides de chaire. Allongé sur un lit, Retenu à la vie par un fil, Par une flêche, my flesh. Elle sourcille, elle divague, Elle dit : Séance de Sac. Pas un passage à tabac Juste un sursaut d’existence Sur la plaine de son ventre. La nature ailleurs, Sur une autre terrasse Que celle qui donne Sur les déserts de son âge. Elle dit : Séance de Sac. Elle est le sac, Et je suis le vilain Henri Qui savoure un instant La vie qui revient, rugit Dans le battement saccadé Du sac qui se gondole. Je ne l’emmènerais pas à Venise, Il n’y aura pas de Pont des Soupirs. Que le tremblement des rides Au coin de ses yeux Quand elle part se cacher Dans nos nuit interdites. Elle dit : Séance de Sac. Des fois j’écume, j’enrage, Atome sans fission, Je pulvérise les mensonges Et je pars à la nage. A la pêche à la baleine Echouée dans mon lit, Retenu par un fil à ma vie. Par cent, deux cents, trois cents rides de désespoir Par une secousse intérieur, Par l’approche de la mort. Amor.* Non muere mai.** Dracula de 20 ans, Victime consentante. Je lui demande si elle m’aime, Ce qu’elle ferait pour moi. Tout. Si elle n’était pas… Allongé sur mon lit Retenue à sa vie par le fil de la mienne. Elle me demande si je l’aime. Je pars. Egoïste, flambant neuf, Mes épaules de héros, Et l’avenir qui rugit Dans le vent qui me pousse. Je vais. A la pêche à la ligne A la pêche à la sardine Sortie de Sorbonne, Licence histoire de l’art. J’exulte. Et puis à un moment Très au loin j’entends. Elle dit : Séance de Sac. Dans un silence puéril Je compte en mémoire Les rides sublimes De sa peau qui m’obstine. Une sardine qui dort Juste à côté de moi, Et le souvenir d’une baleine Qui me tue à jamais.
Tu m’inspires des élans de cristal
Habillés de cris bestiales,
Les fragilités invisibles
Des captures d’objectifs.
Dans un pli de ta robe
J’ai trouvé…
CE POÈME N’EST PLUS DISPONIBLE DANS SON INTÉGRALITÉ DEPUIS SA PARUTION DANS L’OUVRAGE COLLECTIF À L’OUEST LES POÈTES.SES AUX ÉDITIONS EX-MAUDITS DISPONIBLE ICI ET EN LIBRAIRIE. POUR LA SUITE RENDEZ-VOUS DANS LE LIVRE 🙂
Je garde
L’air stable
Avec mon menu 0%
De matière grasse,
La mine fraîche
Comme un matin de bonheur
Tatouer au…
CE POÈME N’EST PLUS DISPONIBLE DANS SON INTÉGRALITÉ DEPUIS SA PARUTION DANS L’OUVRAGE COLLECTIF À L’OUEST LES POÈTES.SES AUX ÉDITIONS EX-MAUDITS DISPONIBLE ICI ET EN LIBRAIRIE. POUR LA SUITE RENDEZ-VOUS DANS LE LIVRE 🙂