Je ne bouge pas, je suis incapable de bouger. J’attends.
Je suis juste assise, immobile à peser cent tonnes sur une chaise.
Pourtant pas de doute je suis bien oppressée par des relents
Un mal de mer intérieur berce mes tripes au mal aise
Ou une vague imaginaire, la vague, le mouvement.
Je la vois bien à l’image de celle qui trône parfaitement
Immobile au milieu de mon mur blanc.
Elle est superbe car elle reproduit et simule
Avec un réalisme saisissant
La colère de la tempête crachant son écume.
Mais elle est aussi le symbole de l’affreuse attente
Et la représentation d’une parfaite beauté
Du jaillissement fébrile de nos âmes pétrifiées
Pétrifiées à leur apogée.
Et cette vague je suis bien comme elle
Infiniment figée mais infiniment réelle
Le dynamisme de son mouvement est parfait
Mais éternellement suspendu dans le temps
Et voué à n’être que l’image de ce qui aurait pu se réaliser.
Elle attend sur son papier de rouler, elle attend.
Elle attend d’écraser dans son rouleau la frêle embarcation
Qu’elle s’apprête toujours à engloutir avec passion
Mais elle n’en finit jamais de rouler, elle attend.
Et l’embarcation n’est jamais brisée, elle aussi attend.
Chaque homme dans le bateau attend, attend de mourir.
Et ils n’en finissent plus de voir la mort venir.
Je suis cette vague qui attend
Qui attend de briser avec fureur le bois du bateau, qui attend.
Et qui attend avec la même fureur de se briser contre son propre flanc.
Étiquette : poneyland
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Mélancolie de la petite-grosse
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Beaux vêtements, bon parfum, les restos, la totale
Sur un banc
Dans le vent
Sappes de marque
Survêt’ blancCasquette si
Basket là
Du teuchi
Plein les dentsElégant
D’mauvais goût
Moi j’y joue
C’est marrantParle de poings
Parle de douilles
Et d’embrouilles
DérangeantJ’suis enfant
J’ai 15 ans
J’comprends pas
Tout les gensNi les l’çons
A l’école
Moi j’y vais
Pas tellementDonc je traîne
Comme la haine
Dans la rue
Du néantPour les filles
Trop idiot
Donc j’les r’garde
De mon bancEt ma mère
Dans tout ça
J’la rends triste
De tourmentsQuand je mens
Sur l’coquard
Sur l’renvoi
Sur l’argentElle me dit
Que j’ressemble
A mon frère
En prisonJ’finirais
Par le r’joindre
En moins d’temps
Qu’une saisonJ’lui réponds
Qu’j’suis malin
Mais je flippe
Dans le fondEt en plus
Y’a mes potes
On est pas
Si méchantOn s’ennuie
C’est d’jà ça
A trainer
Là en-basFume des oinj
L’voisinage
M’traite de singe
Ces tarbasMais un jour
J’partirais
Gros bonnet
Et gros brasLoin d’ici
Cocotiers
Le soleil
La mille-faJ’veux la neige
De Megève
Et le temps
Sur RolexPeu vécu
Si préssé
Marche ou crève
T’es baiséPremière save
Près du square
Découpée
EncaisséeDédoubler
Quadrupler
Des milliers
De billetsMarche bien
Bon ness-bi
J’prends du grade
En localeBeaux vêtements
Bon parfum
Les restos
La totaleSur un banc
Dans le vent
Sappes de marque
Survêt’ blancCasquette si
Basket là
Du teuchi
Plein les dentsElégant
D’mauvais goût
Moi j’y joue
C’est marrantParle de fric
Parle de pèze
Et d’billets
DérangeantJ’suis enfant
J’ai trente ans
J’comprends pas
Toute ma vieNi les l’çons
La prison
J’y est été
SouventDonc je traîne
Toute ma haine
Dans la rue
Comme géantPour les filles
Trop de fric
Elles me r’gardent
Sur mon bancEt ma mère
Dans tout ça
J’la rends triste
De tourmentsQuand je jure
Au parloire
Au palais
Sur l’agentElle me dit
Qu’j’vais finir
Comme mon frère
Tas de cendreJ’finirais
Par le r’joindre
En moins d’temps
Qu’une saisonJ’lui répond
Qu’je suis fort
J’ai pas peur
Dans le fondEt en plus
J’ai plus d’pote
Seulement des
AssociésJ’fais d’la maille
C’est facile
En traînant
Là en-basVends d’la dope
L’voisinage
Tire les stores
Et se taitPas parti
J’suis ici
Gros bonnet
Et gros brasLoin de tout
Cocotiers
Dans le gris
Est la mille-faJ’vends la neige
De Megève
Et le temps
C’est d’largentPeu vécu
Si préssé
Marche ou crève
T’es baiséPremière tonne
En un coup
Découpée
EncaisséeSurdoubler
Surdrupler
Des milliers
De billetsMarche trop
Bonne fortune
J’prends le grade
NationalBeaux vêtements
Bon parfum
Les restos
La totaleBeaux vêtements
Bon parfum
Les restos
La totaleVêtements
Parfum
Restos
Et puis?Et puis ?
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Les sardines
Une boite de sardines
Remplie d’huile,
L’huile tombe
De la boite de sardinesL’huile toute douce coule
Sur le panneau de bois,
Le panneau de bois tombe
Et l’huile coule toute douceLes gouttes glissent
Sur le plancher de la cuisine,
Certaines tombent
Et s’explosent avec grasse sur le solLe sol est salie,
Rempli d’huile de sardine
Un chausson tombe
Explose la graisse du solL’chausson s’retire,
Laisse des marques
Quand tombe les pas
L’un après l’autreLes marques ont de belles formes
Elles s’estompent,
Plus tombe les pas
plus elles s’estompentElles représentent
Un éléphant
Qui tombe
Dans la savane africaineLa savane disparait
Puis la trompe de l’éléphant,
Il ne tombe plus
D’ailleurs maintenant c’est un chienUn chien qui mange,
Un crocodile qui rote,
Un ourson qui tombe amoureux,
Une tête de linotePuis plus rien
Les marques
Tombent dans l’oubli
Dans les yeux des sardines
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MPTDH ??!
Un jour un ami,
À l’esprit brillant
Et à l’humour sanglant
S’est foutu de ma gueule
Parce que je disais Lol
Alors je lui ai dit :
« De toute façon mon pauvre ami
T’es vraiment trop ring’
Tu diffuse le vieux
Et en plus tu shling’ »
Et là mon ami,
Au fond pas si méchant
Et à qui j’avais fait de la peine
M’a dit : « MPTDH??! »(Mais Pourquoi Tant De Haine ??!)
Meilleure réponse.
Merci Rondos.
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Ep. 10
En cardigan
Les cheveux blancs
Elle pétrit la pâte
D’une future tarteElle coupe les fraises
Très acidue
Les doigts tordus
Tant elle l’a faitUn peu de sucre
Beaucoup de beurre
Un paquet d’Tuc
Il est quatre heuresLe petit fils
Viendra les chiper
Pas dérangeant
Vacances d’étéElle lui prépare
De tout son coeur
De bien belle part
Pour tout à l’heureIl est mignon
Le pt’tit Tristan
P’tit cornichon
D’à peine 8 ansIl vient d’la ville
Ici il prend des couleurs
C’est plus tranquille
Près des tracteursIl est aux champs
C’lui des voisins
Avec papy Fernand
Et le petit chienBalade joyeuse
Pendant qu’mémé
Est toute heureuse
D’tout préparerLes heures passées
Il est neuf heures
Il ne fallait pas s’amuser
A côté d’la moissoneuse-batteuseJ’aime ta Grand-Mère.
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Ep. 9
Me voilà à l’âge
Ou le sexe turgescent
Et le sang en rage
Me fait arc bandant
Sans cesse
Je mate les fesses
Je vois des culs
Je vois des seins
De part les rues
Dans tous les coins
Je bave je bise je base
De la liqueur d’essence de minous
En intraveineuse dans le cou
Mais voilà depuis peu
Ma virilité fatiguée
S’est lassée
Des belles rondeurs fermes
Élastiques et toniques
Des peaux lisses et soyeuses
Des courbes vertigineuses
De la fraîcheur florale
D’une haleine neuve
Des petites dents de diamants
Des lèvres de corail
Des vagues capillaires
Qui m’envoyaient en l’air
Des choses magnifiques
Car petites
Du combat étroit
Entre des elles et un moi
Mon âme versée au culte de la jeunesse
Finit aujourd’hui par vouloir aller…
À la messe.
Je hante les salons de thé
Mon gros doigt en l’air
Je plonge et faire boire la tasse
À toutes les mégères
Qui subitement se dérident
Rosissent comme au premier jour
Où elles découvrirent l’amour
On oublie jamais
Comment faire du vélo
Et toutes pimpantes
S’acharnent sur mon pédalo
Je relève des jupons
Sur d’antiques popotins
Et me repais de leurs jurons
Qui claquent la fesse en main
Elles m’acclament, me réclament
Toutes énervées d’envie
Puis succombent de charme
Quand je les ramènent à la vie
Mais au firmament
De mon Paradis
Il y a cette femme
Aux chaires presque liquides
Qui bouge à peine…
Que du coin des lèvres
Pour me signifier avec pudeur
Qu’est venu mon heure.
Alors je l’étale sans ménage
Dans sa couche sans âge
Et me dissout avec elle
Dans sa passive charnelle.
Puis je m’éteins serein,
Dans son expérience centenaire.
Oui je te le dis,
J’aime ta Grand-Mère.
-
En ombre blanche
J’ai l’crâne circulaire
Brumeux
Comme l’horizon
Qui sniffe d’la poudre à canonY’a un camion sur mon périph’
Qui cogne comme un nerf a vif
Il mâche un sédatif
Et roule des R à 200Une sale crotte de merde sur l’crâne
Comme Stalingrad
Sous 34 degrés
CentigradeL’épée de Damoclès
En grosse caisse
Interieur cuir, rolex
Et salope du cashemirLes nuits de mon front
Comme des betteraves germées
Une porte fermée
Sur l’immensitéLe froid de Pologne
Dans des artères inexpliquées
Vient à piqué
Les yeux de mes p’tits fantômesPuis en ombre blanche
Je vois des branches
Mal baisées
Par des chimpanzés blondsUne question à résultat
Pour être positif
Quitte à pas être égale
Entre le Vatican et le SénégalLa pluie ronge les réverbères
Comme le coton les points noirs
A plus en boire
J’ai vus m’pousser des poiresDes espoirs à l’eau de vie
Qui brûle comme l’destop
J’me destoque
Pour r’construire à PatayaUne caillera en bottine
Rare comme d’la zibeline
Qui court
Au cou des filles d’amour
D’une nuit d’un coup d’un jourJe raconte des bras poilus
Dans un métro de voiture
Un tonneau de mercure
En équilibre sur la main d’un salutUne grenade juteuse
Dans les jambes d’un enfant
Mort de naissance
D’vant l’assistance publiqueSa mère en rosbeef
Dans un papier d’encre
Et je chouine
Comme un sale sample de GershwinUn bon champagne sans bulle
Une pipe sans dent
Une patate sans gant
Et une trique de keufUne grande invention
Sans inventeur
Une équation en aveugle vision
Pour gonfler l’postérieurEn panne d’essence
Comme le bénin
J’ai l’béguin
J’ai la tête vissée sur l’espéranceJ’suis pas niais
Je // suis // nié //
Car j’crache à la geule
Des mecs sur les billetsJ’investie la nuit, son turf
Comme une goutte d’encre à la mer
Et les vagues
Font des surfsJe vois des girafes naines
Dans les coins de ma chambre
Avec des yeux sans peine
Elles mastiquent de la viandeVouloir la normalité
Là est l’anormalité
Normaliser
Du formole dans les alizés
-
Mon fantasme idéal
Si j’étais le bon Dieu
On mangerait que des bonbons
On boirait du coca,
Et on serait tous des cons
On perdrait notre temps
À se toucher le nombril
À se taper dessus quand ça nous chante
Et à se traiter de jonquilleOn aurait tous une vache
Mais pas pour boire son lait,
Pour la regarder dans les yeux
Et voir les trains passer
On vivrait dans des étoiles
Avec des murs en or
Ou dans des châteaux de coussins
Qui chanteraient la CastafioreOn écouterait que les Beatles
Et on en aurait jamais marre
On jetterait des diamants dans le ciel
Pour Lucy en mangeant des honey pies
Steve Jobs serait le président du monde
On compterait le temps en lumière
Et on regarderait les secondes
Se lever avec le soleilLa taille de la teub ça compterait pas
Celle des nichons non plus
Ce serait pas grave d’avoir plein de poils
Et on serait jamais ridicule tout nu
On vouerait un culte aux orteils
Parce que c’est eux qui nous font tenir en équilibre
Et on se ferait des bisous sur les oreilles
Pour qu’elles soient contentes d’entendre ce qu’on a à direOn mangerait avec des baguettes magiques
Qu’en attrapant un bout de vide dans notre assiette
On aurait ce qu’on veut dans la bouche
Une fraise tagada, ou un croco rouge
Y’aurait des filles en opale
Avec de la peau en nacre
Qui brillerait que sous la lune
Et qui auraient des fleurs dans la voieOn pourrait se coudre des petites poches
Partout sur le corps
Pour mettre des petits trucs dedans
Comme du curry, du teuchi et du piment
On aurait juste à faire des câlins à des grandes canettes de Red Bull
Et elles nous donnerait plein d’énergie
Et les enfants auraient le droit de prendre
Leurs grosses crottes de nez pour jouer aux billesOn prendrait plus que des tahitis douches
Et des arcs-en-ciel viendraient nous sécher
Tout le monde aurait la peau très très douce
Même certains sous les pieds
On serait pas obligé de changer de tee-shirt
Quand on en a un qu’on aime beaucoup
Et on serait obligé de dire « j’kiffe ta reum »
Pour se dire qu’on s’aime pas du toutEt puis y’aurait des montagnes de larmes
Plus belles que tous les bâtiments
Parce qu’aucun architecte
Ne peut donner vie aux sentiments.
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Un pétale de plus
Regarde comme les fleurs chantent
Des complaintes toxiques
Finissent occies
En poudre d’hostieOu en pot à l’hosto
Entre deux fauteuils
Avec vue sur le sang
Et l’deuilUn bouquet pour un nouveau-né
Une couronne payée sur 80 piges
Si t’es riche
Avec d’la bonne monnaieTu nais-co du haut de ton cerveau
Les idoles
Qui farandolent
Dans la tête des môme en hors contrôle15 braquages à 15 ans
Un par printemps
Pour l’principe
Il lui manque d’jà des dentsC’est carême dans la tête des jeunes
Z’on pas fait d’la bibli un coupe-gorge
Mais un désert
Cache misère de poussièreY’a plus d’bandana sur les crapules
Aujourd’hui ça tape en casquette rose
Quelques pétales de plus
Pour ma poésie d’béton








