Une voûte terrestre
Pour courir sous la pluie
Sous le soleil et le vent
Sans voir la fin de la vie
Savoir dans le fond
Qu’on court pour le geste
Parce que la fin est très claire
Elle finit comme le reste
Autour de nous sentir le ressac
La suite du temps qui plane
Une pression placide
Un océan en ruine
Un souffle assoupi
Et le vide qui revient
Et le vide qui devient tout
Sur le bord de la bouche
Une voute terrestre
Pour frapper des pieds
Pour savoir où on va
Quand c’est terminé
Briser un ciel de pierre
Par une quête acharnée
Avaler le soleil
Tuer le désir briller
Une chute de gravité,
Un deuil de l’ego,
Les coffres de nos mémoires
Ne cachent que de l’énergie pure,
Des façons de voler la nuit
Des camions, des piscines,
Des gravures et les pages
D’un livre pas encore écrit,
Un dôme de cailloux
Les souvenirs de ma voix blême,
Je n’ai plus peur des pierres tombales
Surtout pas de la mienne.
Ici
Je n’ai pas d’allié
Je n’ai pas d’ennemi
J’ai de quoi écrire
Je sais où aller
Si j’ai pardonné mon père
J’ai pardonné le monde
Je n’ai plus de raisons
De partir en guerre
Je peux être une
Je peux être fière
Je peux être loin
Je peux être seule
Je peux être là
Avec l’esprit qui me va
Un corps à ma taille
Et la seule certitude qui vaille
Que faire de tout ça
Quand je sais que je vais mourir ?
Il n’y a rien de pire
Il n’y a rien de pire
Il n’y a rien de pire
Il n’y a rien de meilleur
Il n’y a rien de meilleur
Il n’y a rien de meilleur
Tout ça je vais en faire ce poème
Je vais le rendre invincible
Puis le poser sur la terre
Pour qu’il ait des racines.
Dedans il n’y aura
Que des mots.
Maintenant ce poème est à qui ?
Il n’est plus à moi
Il appartient au langage
À la limite de cette phrase
Il est à toi si tu veux
Donne-lui la forme d’un jeu
Donne-lui un parapluie,
Un chapeau, des sandales,
Donne-lui la forme du bien. Ou du mal.
Il sera toujours simple
Il sera toujours clair
Il ne sera rien
À la forme de l’air.
Il y a quelque chose
Que toutes les croutes célestes
Que toutes les voutes terrestres
Ne peuvent embrasser
Il n’est pas nécessaire
De vouloir la nommer.
Je n’ai plus peur de mourir
Même si c’est demain
Le poème est à vous
Il est déjà loin
Ça ne se verra pas
Mais j’aurais posé à vos pieds
Ce que j’ai de plus faible
Et ce que j’ai de plus fort
Ma conscience la plus sûr
Qu’avec les yeux qui tremblent
Et une peur sans mesure
J’ai vécu sincèrement
Si seulement j’ai vécu.
(Illustration Maria Hassabi – Staging Solo2)