Remords et grosses dentelles

Les remords
Habillent mon corps
Comme
De la lingerie taillée à la truelle
En grosse dentelle

Avec de vilains noeuds
Trop gros, trop faux,
Comme du fard à paupière
Coupé
A la peinture à l’eau

Du satin de synthèse
Couleur bleu piscine municipale
Qui ondoie sur mes rondeurs
Avec la grâce
D’un chacal

Des guipures en poil de crin
Qui tisse des formes affreuses
Des motifs poils de bite
Crispés
Sur une cuisse graisseuse

Mes remords
Habillent mon corps
Du voile de soie
Fripé, tâché
De la colère et du désarroi

Ils couvrent ma peau
De petits boutons rouges
Pour que j’y accroche
Des panneaux :
« Je suis moche »

Carambolages de bretelles,
De crochets, de jarretelles,
Qui dégringolent de ma garde-robe
Et s’écrasent
Sur le sol en désordre

On oublie les réflexes,
Les « bons gestes »
Et aujourd’hui tout ce qui me reste…

C’est des remords qui habillent mon corps
D’élastiques trop tendus
Qui creusent à l’infini
Des bourrelets bien mous
Dans le foi, dans le bide

De résille à un franc,
Qui taquine la jambe
Entre ex-salope et pute niaise,
Faut pas trop se croire bonne,
A croire que ça rend conne.

Alors je me ballade à poil,
A dos de poil de chatte
Exhiber mes regrets
Avec ou sans soutien-gorge
Et tant pis si on me dit
Qu’être triste c’est moche.

J’assume, je montre
A la vue du beau monde
Des larmes incarnées
Dans un string Prix Gagnant
Des douleurs lassantes
Qui gonflent mon bonnet.

On fait tous du 300 K
Au fond de soi.