Turgescence lyrique


En partant m’égarer sur les bords du monde
J’ai découvert une toison d’or plus blonde que blonde
A sa vue doucement j’y ais blottis mon nez et ma bouche
Puis je l’ai étendue au sol pour en faire ma couche

Enlacé lascivement dans ces fils emmêlés
Ils me firent voir l’orient, les nuits tièdes d’humidité
Ils m’emplirent dans la nuit de l’Asie mineure
Des premiers sons suaves d’une étrange clameur

Parcourant la terre ronde nous en fîmes le tour
D’hémisphère en tropique toutes les rondeurs de son pourtour
Et à chaque fenêtre sombre nous entendions des soupirs
Et les cœurs qui grondent des douceurs du désir

Sous les plaisirs qui coulent comme l’huile sur la peau
Je voyais les flots d’ardeurs et l’écume de ces peaux
Orchestre vivant tambour battant des corps
Qui si ardemment s’affronte en duel, d’Amor

Le cœur battant à tout rompre caché parmi les fils
J’observais ce monde bouger au rythme gracile
Des ondes de ce chant qui font vibrer l’air d’indécentes cambrures
Et secoue l’espace de gémissements et de murmures

Tout le vivant réjouie de voir ses créatures laides ou belles
Chantant à l’unisson la sonate universelle
Et moi muette mal aimée emmitouflée dans mon linge
Bêtement je sentis monter dans ma gorge mon instinct de singe

Mais de ce beau chant ignorante de ces croches et de ces notes
Il ne sortit qu’un crie de jalousie du fin fond de ma glotte
Mon rêve prit fin dans ce hurlement déchirant
M’arrachant aux fils, aux soupirs et aux tambours battant

Ainsi ce ne fut que tes bras que je découvris ce matin
Tes bras trop grand trop lourd pesant sur mes seins
Mon front encore moite, je me tournais vers toi transpirante de désir
Mais tu me repoussa intrigué et tu fis encore bien pire

Quand en quelques mots tu m’infligea l’affront
En me disant pas ce matin chéri, popole a dit non
Je regarda popole les yeux baignés de mépris
Et posa sur la chose molle un baiser de dépit

Je quitta nos beaux draps aux roses de Damas
Dans l’espoir d’effeuiller les fleurs dans d’autres palaces
Jouer de la flûte, faire chavirer les archets
De violons plus vaillants à mes cordes veloutées

Et ce fut par une nuit clair, dormant à la chaleur des étoiles
Une de ces nuits ou l’air mêlé de lumière astrale
Fait du toit la chambre et envole tous vêtements
Et vous allonge impudique à la vue des quatre vents

Ce fut par cette nuit que me revint l’incroyable vision
Cependant au sommet du pic ou je découvris la toison
M’apparut cette fois un ange à la beauté fascinante
Aux ailes déployées et à l’allure parfaitement élégante

Son regard de braise paradoxe à la pureté de ses ailes
Le poids de sa puissance viril écrasa la chasteté charnelle
Alors l’ange merveilleux riant, jeta ses ailes blanches
Vînt se blottir contre ma bouche, balancer mes hanches

Riant à mon oreille jusqu’à ce que je ris moi-même
D’un rire rauque et grave, profond à aucun autre pareil
Et ce fut dans un même souffle rauque, chargé de vibrations
Que sans dire un mot, il ouvrit grand la porte de cette vision

Il planta dans mes yeux le pieu de son regard pénétrant
Tandis que se projetai dans ma pensée les images de l’autre continent
Je voyais surgir de tous bords des anges tel que lui dirigeant le monde
Tous enlacés dans les fils d’une toison d’or, plus blonde que blonde

Etendu sur le sol, mes jambes serrées autour de son bassin
Il m’embrassait si fort, sa poitrine écrasant mes seins
Je n’en sentais plus le poids, alors que son étreinte éclatante
Faisait vibrer mon corps d’émoi et mes lèvres suppliantes

Ainsi je m’endormais étendue sur le sol ma chevelure emmêlée
L’ange allongé sur moi comme retenu, à ma chaire enlacée.
Dans un demi sommeil je l’entendis murmurer au creux de mon oreille
De sa voix de basse les notes souples et langoureuses de la clameur universelle


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